Vulgariser et expliquer le phénomène Trump

Le 5 mai dernier, à l’occasion du traditionnel Cinco de Mayo, qui célèbre la victoire du gouvernement républicain mexicain lors de la bataille de Puebla, Donald Trump a de nouveau fait jaser pour de mauvaises raisons. C’est cette fois par le biais de Twitter que le candidat à l’investiture républicaine a dit « aimer les hispaniques », tenant devant lui un taco du Trump Grill, son propre restaurant.

C’est pourtant ce même Trump qui, en juin 2015 dernier, a décrit les mexicains comme étant des « violeurs ». Il s’agit aussi du même homme prétendant vouloir bâtir un mur entre les États-Unis et le Mexique. Les huit millions qu’il estime nécessaires à la construction d’une telle infrastructure témoignent d’une crédibilité illusoire, d’autant plus qu’il prétend que le Mexique paiera ces frais.

Les électeurs américains contemplent, peut-être sans le savoir, une tentative manquée de séduire une masse de citoyens hispaniques ou encore mal informés. Le milliardaire a peut-être enfin compris un élément important à sa campagne : 75 % des hispano-américains ont une opinion défavorable de lui. Sauf qu’on ne change pas d’opinion politique comme on change de chemise.

Des effets dévastateurs chez nos voisins

L’élection d’un président comme Donald Trump impliquerait plusieurs facteurs de risques sur différents milieux, partout dans le monde. Récapitulons les principales conséquences potentielles.

Le riche entrepreneur entend notamment défendre et honorer la puissance militaire des États-Unis, principalement face à l’État islamique, qu’il souhaite littéralement « pilonner » de ses réserves pétrolières. Son refus catégorique à accueillir les réfugiés syriens et sa volonté à « expulser » les musulmans du sol américain dessinent également un retour au nationalisme de supériorité pour la population états-unienne.

Au niveau commercial, l’approche de Trump a été fortement remise en question dans le camp républicain. L’homme aujourd’hui âgé de 69 ans estime que les États-Unis sont arnaqués, leurrés et exploités par ses partenaires commerciaux. C’est la raison pour laquelle il souhaite créer des taxes douanières aberrantes sur les importations notamment chinoises et canadiennes. Une philosophie dont les fondements se rapprochent de l’autarcie et de l’isolement économique à long-terme.

À mon sens, l’arrivée au pouvoir du manitou de l’immobilier déchirerait la nation sous deux cohortes relativement homogènes. Divisant déjà les opinions des experts et des politologues les plus réputés du pays, l’impact Trump fonderait une rupture sur l’opinion publique américaine. Force est ainsi de constater que son arrivée chamboulerait un équilibre politique déjà fragile et très vulnérable. Ce qui pourrait éventuellement mener à un l’augmentation des « désabusés politiques » et du cynisme.

Scandaliser pour faire jaser, à certains risques près

Peu importe votre point de vue, votre allégeance politique ou vos valeurs, il est presque impossible que vous n’ayez pas entendu parler du riche propriétaire et de ses positions extrémistes. Habitué des polémiques, le principal intéressé croit fortement en ses chances, qu’il entend favoriser par de fortes déclarations médiatisées. Peu importe ce qu’en pense l’opinion publique. Si elle en parle, alors Trump aura atteint son but.

Voilà pourtant que certains médias prennent le contrepied de cette surexposition, en participant à la destruction du phénomène et de l’image Trump. Le 9 avril dernier, le réputé quotidien The Boston Globe a publié sa première une futuriste. Celle-ci plaçait Donald Trump comme étant le président des États-Unis, en 2017.

Toute l’édition du journal s’est ainsi spécialement composée d’articles ridiculisant les effets et les conséquences qu’aurait l’élection du milliardaire. Des titres tels «Les expulsions vont commencer» ou encore «Les émeutes continuent» ont attaqué les nombreuses promesses irréalistes de M. Trump. Amusés par l’expérience, des dizaines de médias américains ont ensuite emboité le pas.

N’ayant toujours pas réagi à ces attaques, les discours haineux, antisémites et racistes de l’homme d’affaires ont toutefois diminué, voire cessé, depuis l’implication de ces médias. Comme quoi l’opinion publique a une certaine importance, après tout.

D’ici le 8 novembre prochain, jour de l’élection présidentielle américaine, le commun des mortels est donc en droit de s’attendre à plusieurs rebondissements toujours aussi surprenants.

J’ose toutefois sincèrement espérer que nos collectivités seront vigilantes à l’énonciation de promesses politiques dangereuses, fictives et trompeuses, qui remettent en question l’ensemble des progrès sociaux et internationaux entrepris au cours des dernières années.

La montée de la vague Trump, en cinq chiffres

2 : Nombre de tentatives d’accès au pouvoir du candidat républicain. Son premier essai remonte à 1996. C’était alors Bill Clinton qui était au pouvoir.

60% : Hausse du taux de vote pour le Parti républicain depuis l’arrivée de Donald Trump. La baisse simultanée de 20% du taux de vote pour le Parti démocrate inquiète bien des politologues.

10 G$ : C’est le montant auquel l’ex-animateur estime sa valeur et sa fortune. Ce dernier affirme d’ailleurs que sa richesse est l’un de ses principaux arguments politiques, lui permettant d’autofinancer sa campagne. Les experts estiment toutefois que le réel capital de Trump ne se chiffrerait qu’à 4 G$, l’évaluation étant biaisée par la notoriété du businessman.

46% : Près de la moitié de la couverture médiatique de la course à l’investiture républicaine s’est attardée au riche propriétaire. En comparaison, Jeb Bush n’a reçu que 13 % de cette attention.

1,898 G $ : Valeur financière de l’emprise médiatique de Donald Trump et des publicités y étant engendrées. Ce chiffre n’atteint que 746 millions $ pour Hilary Clinton.

 


Sources : DirectMatin, LaPresse, Contrepoints, Geopolis

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