L’ouverture au populisme

Avec le contexte de mondialisation, de libre circulation des biens et des idées débutant dans les années 1980, les États semblent perdre de l’importance. C’est l’apologie de la diversité, l’apothéose du citoyen du monde circulant dans un marché libre. Aucune pensée ne prédomine dans ce monde cosmopolite, si ce n’est les protections des libertés individuelles. Cette tendance est reprise par l’idéologie du multiculturalisme canadien portée par plusieurs politiciens. Pour faire l’éloge de ce multiculturalisme sans limites, des politiciens du Canada et du Québec scandent l’ouverture à l’autre comme point fondamental de leur conception du monde. Or, on peut se demander quels intérêts ils représentent réellement. Que signifie réellement cette ouverture et pour qui travaille-t-elle? Pour le savoir, il suffit de considérer certaines prises de positions des politiciens canadiens et québécois à l’égard de la laïcité et du statut du français.

 

Prenons un exemple qui concerne le Premier ministre Justin Trudeau. Récemment, M. Trudeau s’est positionné en faveur du port du niqab, un voile intégral couvrant tout le visage à l’exception des yeux, lors d’une cérémonie de citoyenneté.  Le Premier ministre justifie sa position en évoquant l’ouverture. Or, cette ouverture sert à justifier le voile islamique qui constitue un symbole important de l’aliénation de la femme et du contrôle posé sur elle. Pourtant, les valeurs québécoises soutiennent fortement l’égalité des sexes et la laïcité comme valeurs fondamentales encadrant la société. Pour les Québécois, la position de M. Trudeau concernant le niqab est inacceptable parce qu’elle soutient un symbole de l’intégrisme religieux et nie du même coup l’égalité entre les hommes et les femmes.

 

Prenons un autre exemple concernant le Premier ministre du Québec, M. Philippe Couillard. Ce dernier oriente ses politiques sur une sorte de relativisme linguistique, c’est-à-dire qu’il considère que chaque citoyen québécois peut parler la langue qu’il veut selon son jugement. Le Premier ministre justifie sa position en appelant au respect des libertés individuelles et à l’ouverture aux autres. En adoptant cette position, qu’est-ce que le Premier ministre représente? Un article du journal Le Devoir, signé par Robert Dutrisac et intitulé Le français, non merci publié le 27 janvier, affirme que 200 000 néo-Québécois ne connaissent pas le français. Pourtant, le français est la langue officielle du Québec et elle est la seule à permettre une réelle intégration citoyenne, sociale et culturelle. Elle est le dénominateur commun des Québécois comme socle de la vie politique, du vivre ensemble. Dès lors, de quelle ouverture M. Philippe Couillard fait-il preuve en permettant aux immigrants d’éviter la langue française? Où est l’ouverture s’il n’y a pas de langue commune permettant le dialogue citoyen?

 

Les deux politiciens, M. Trudeau et M. Couillard, ne portent pas les valeurs fondamentales chères aux Québécois dans leurs politiques. La laïcité et l’importance de la langue française sont niées et balayées de la main par des promesses illusoires, car elles ne sont qu’un reflet des libertés individuelles encore non acquises par les nouveaux arrivant. Autrement dit, M. Trudeau et M. Couillard contribuent à une déconstruction des structures sociales qui sont si fondamentales à notre vivre ensemble. Il faudrait considérer l’ouverture comme elle doit réellement l’être : un désir d’intégrer l’autre à notre société en affirmant nos valeurs communes, à la base de l’économie comme des libertés. Si les gouvernements ne représentent plus les valeurs de la population, si les politiciens continuent à croire que toutes les opinions se valent selon les cultures, la population perdra toute confiance en ses institutions sociales.

 

J’irai plus loin : une ouverture sans balises sociales mène à l’égarement, à la confusion, à la radicalisation. On creuse un fossé entre les Québécois de deux ou trois générations et les nouveaux arrivants. Seul l’État a la légitimité d’adopter les règles de vie commune. S’il n’accomplit pas sa responsabilité profonde, personne ne peut le faire. C’est la perte de confiance et l’ouverture au populisme.

 

Édouard Mireault

Étudiant au baccalauréat en enseignement du français langue seconde

Université Laval

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