Camille Pissarro (1830-1903) n’est pas très connu de nos jours. Son nom nous évoque plutôt celui de Pablo Picasso que tous admirent souvent sans trop savoir pourquoi. Toutefois, Pissarro présente un formidable parcours qui mérite d’être plus amplement reconnu, chose dont j’essayerai de vous convaincre à l’aide de ce bref aperçu.


D’origine française, né dans les Caraïbes, Camille part pour Paris en 1855 où il étudie la peinture à l’École des Beaux-Arts. Pendant ce temps, il se pratique à l’Académie Suisse dans un atelier de peinture plutôt modeste qui s’avèrera être une véritable pépinière à Grands Maîtres – en effet, Corot, Cézanne, Manet, Monet et Pissarro, entre autres, y travailleront.
Parmi tous les imposants personnages qu’il fréquente alors qu’il s’exerce à recopier les toiles exposées au Louvre, c’est sa rencontre avec le peintre Claude Monet qui demeure la plus cruciale pour l’Histoire, puisqu’elle mène à l’adhésion de Pissarro, en 1859, au mouvement impressionniste.
Grand enthousiaste des innovations techniques et picturales en matière de peinture, Camille Pissarro s’investit réellement dans cette nouvelle tendance qui permet à ses membres de représenter librement leurs impressions suscitées par les objets et la lumière. Comme tous les autres impressionnistes, Camille peint principalement à l’extérieur en reproduisant les paysages qui s’ouvrent à ses yeux.
Pissarro de par son âge avancé – il a environ une dizaine d’années de plus que ces compagnons – devient rapidement le doyen du mouvement artistique impressionniste; ses confrères le respectent énormément et s’inspirent de ses œuvres dans leurs propres créations. En ce sens, Paul Cézanne, en 1865, faisant référence au talent et à l’influence de son homologue créole au sein des impressionnistes, disait : «Nous sortons peut-être tous de Pissarro. »

Camille Pissarro est le seul peintre à avoir participé aux huit expositions impressionnistes, signe de son ardente passion envers cette nouvelle façon de concevoir la peinture, mais surtout de son véritable courage. En effet, du courage et de la détermination il en fallait, car – bien que cela puisse paraitre difficile à contextualiser pour nous qui vivons à une époque où les œuvres des impressionnistes sont farouchement disputées sur le marché international de l’art à coup de dizaines de millions de dollars – Pissarro et ses amis n’étaient guère reconnus par leurs contemporains.
À dire vrai, les prestigieux salons d’expositions refusaient systématiquement de les exposer, ce qui les contraignait à présenter leurs toiles de façon plus indépendante, et souvent dans de piètres conditions. Ainsi, en 1874, alors que 400 000 curieux avaient visité le Salon de Paris, seuls 3500 visiteurs s’étaient déplacés pour la première exposition impressionniste ouverte le 15 avril sur le Boulevard des Capucines.


L’historien de l’art de grand renom John Rewald écrivait ceci à propos des expositions impressionnistes : « C’est la période héroïque où Renoir, Monet, Sisley, Degas, Cézanne et Pissarro connaissent la risée du public, le dédain des amateurs, la grossièreté des critiques d’art, où ils subissent ensemble les injures et continuent à travailler, bravant le ridicule et la misère. On ne dira jamais assez le courage de Pissarro et de ses camarades qui acceptèrent stoïquement et sans dévier de leur route une situation qui les obligeait littéralement à créer dans le vide. »
Alors qu’il peignait principalement des scènes rurales et paysannes au début de sa vie, Pissarro, vers 1895 à cause de la détérioration de ses yeux, est contraint de se déplacer vers la capitale afin de représenter le monde urbain de la Belle Époque qu’il immortalise du haut des balcons des hôtels parisiens.
Histoire de vous mettre l’eau à la bouche et de vous convaincre d’en apprendre un peu plus sur le personnage, je vous présente ici non pas les œuvres de Pissarro les plus marquantes de sa carrière, mais plutôt celles que je préfère personnellement.
Par ailleurs, je vous recommande fortement de faire un petit tour au Musée des beaux-arts de Montréal qui possède 3 Pissarro, dont cette magnifique toile.

Adrien Larochelle
C’est presque un crime qu’il ne soit pas plus reconnu. Merci pour l’article.
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Surtout qu’il a produit beaucoup de toiles !
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